Le Congo Est célèbre son nouvel évêque

Points clés

• L’Évêque Antoine Kalema Tambwe a été installé ce dimanche 28 septembre 2025 à Kindu devenant le deuxième évêque du Congo Est en remplacement de l’Évêque Gabriel Unda Yemba parti en retraite.
• La cérémonie a rassemblé des centaines de fidèles, des dirigeants religieux ainsi que des autorités politiques locales et nationales.
• Le programme de l'Évêque Kalema repose sur un triptyque essentiel : le développement holistique par l'évangélisation, l'éducation et la santé, la garantie de la dignité sociale du clergé et de leurs familles, ainsi que l'établissement d'une Église unie, inclusive et résolument engagée contre le tribalisme.

Dimanche 28 septembre 2025, la grande salle polyvalente Mgr Gabriel Unda Yemba du Centre Maman Lynn à Kindu a été le théâtre d’un événement historique pour l’Église Méthodiste Unie au Congo Est : l’installation officielle de l’Évêque Antoine Kalema Tambwe à la tête de la Région épiscopale. Cette cérémonie d’installation, organisée à la Mission Méthodiste Unie Lokole, a rassemblé des milliers de fidèles, ainsi qu’un large panel de dirigeants religieux et de hautes autorités politiques, dont le Gouverneur du Maniema et des représentants des principales confessions du pays.

Parmi les personnalités présentes, figuraient notamment le Gouverneur de la province du Maniema, Mussa Kabwankubi, le Sénateur Omana Bitika Pascal, des membres du gouvernement provincial, et des responsables d’églises sœurs venus saluer ce nouveau chapitre de l’histoire méthodiste. Mgr. Mande Muyombo, président du Collège des Évêques Africains et tous les évêques de la Conférence Centrale d’Afrique Centrale étaient présents à la cérémonie.

L’Évêque Kalema, premier évêque élu le 12 juillet lors de la Conférence CCentrale d'Afrique Centrale, succède à Mgr Gabriel Unda Yemba, désormais à la retraite, et vient porter l’espérance d’un renouveau spirituel et communautaire pour toute la région.

Le culte d’installation, conduit par l’Évêque Gabriel Unda Yemba, a débuté par des hommages rendus au président de la République, au gouverneur du Maniema et à l’ensemble des institutions œuvrant pour la paix dans une région confrontée à l’insécurité chronique et aux défis de développement. Treize ans après la fondation de la 81^ème Communauté des Églises Méthodistes Unies au Congo Est, Mgr Unda Yemba transmet solennellement la charge de berger à l’Évêque Kalema, devant une assemblée émue.

L'installation de l'Évêque Kalema fut marquée par une cérémonie de remise d'objets symboliques, chacun porteur d'une signification profonde pour sa mission.

L’Évêque Kalema a reçu de son prédécesseur la canne épiscopale, la bible et le Livre de Discipline, signes de l’autorité spirituelle et pastorale attachée à sa fonction. 

D’autres objets symboliques, tels que le pain, la coupe, l’eau, la croix, le globe terrestre, la machette, le livre de chants sacrés et le fanion, lui ont été offerts, chacun porteur d’un message fort : sainteté, unité dans le Christ, service humble, proclamation de la Parole, force, mission universelle et victoire spirituelle.

Le Révérend Wembo Loshima François lui a remis la Bible, lui demandant d'« annoncer sans crainte la parole de la prophétie pour établir la justice et la paix sur tous les peuples », soulignant le rôle central de l'Écriture. L'unité dans le Christ a été mise en exergue par le Révérend Kasongo Numbize, qui lui a confié le pain et la coupe avec ces mots : « Gardez-nous dans l’unité du Christ et de son Église », en référence aux sacrements.

Le sens du service humble a été symbolisé par l’assiette, offerte par le Frère Hervé Tshoso, enjoignant l'Évêque à « être au milieu comme serviteur ou esclave de tous ». L'autorité et la règle ont été transmises par la Révérende Kibushi Ngandu avec le Livre de Discipline de l'Église Méthodiste Unie, qui « vous guide pour protéger la foi, rechercher l’unité, préserver la vie de l’Église, son œuvre et sa mission dans le monde entier ».

De même, le Révérend Litalema Bogega a remis la croix, symbole de l'amour et de la miséricorde du Christ, tandis que le Révérend Alembo Putchu a confié une machette (épée), l’invitant à se laisser remplir de « force venant de Dieu » pour conduire l'Église. Enfin, le globe terrestre, offert par la Révérende Mwayuma Ayenda, est venu souligner la mission universelle et la lutte contre les divisions : « Protégez tous les peuples sans discrimination de tribus. Sachez que la diversité des tribus est une richesse pour l’Église du Seigneur ».

Ces objets, complétés par l'eau du baptême, le livre de chants sacrés (symbole de la tradition wesleyenne) et le fanion (symbole de victoire spirituelle), constituent la feuille de route du nouvel Évêque pour les années à venir.

Dans son discours inaugural, Mgr Antoine Kalema Tambwe a placé la recherche de la paix au cœur de son mandat, reconnaissant les efforts du Chef de l'État et des autorités provinciales dans la région du Maniema. L'Évêque a souligné la corrélation directe entre sécurité et progrès, dénonçant les conflits qui ravagent l'Est du pays : « La guerre est la mère de toute chose. Là où il y a la guerre, il n'y a pas de développement, les gens vivent dans l'insécurité. » Il a lancé un vibrant appel à la mobilisation, exhortant l'assistance à prier pour le retour de la quiétude, estimant que « les personnes qui meurent à l'est de la RDC ont la même valeur devant notre Créateur que celles du Moyen-Orient et de l'Ukraine. » Inspiré par la célèbre maxime de John Kennedy, l'Évêque a appelé chaque fidèle à s'engager activement : « Chacun doit se demander quelle contribution il va apporter au développement de notre Église. »

Le programme de l'Évêque Kalema s'articule autour des trois piliers essentiels de l'Église Méthodiste Unie : l'évangélisation, l'éducation et la santé, travaillant dans une « dynamique holistique » pour « l'être total ». Concernant l'éducation, il a cité Nelson Mandela pour insister sur l'urgence de créer des écoles de qualité pour la jeunesse, « de crainte qu'ils ne continuent à remplir les rangs de bandits urbains et d'autres voyous. » En outre, l'Évêque s'est engagé à une lutte déterminée pour la justice sociale au sein de l'institution, notamment en améliorant les conditions de vie du clergé. Il a affirmé : « Nous allons combattre pendant toute notre période de direction de l'Église pour améliorer les conditions de vie des pasteurs... Les familles des pasteurs doivent vivre comme les autres gens. » Enfin, il a appelé à l'unité sans faille pour combattre les « anti-valeurs », le tribalisme et les divisions, rappelant que « tous fils de notre maison, nous devons travailler pour le développement et la paix. »

L'installation de l'Évêque Antoine Kalema Tambwe a suscité une vague d'engagements forts de la part des différentes composantes de l'Église Méthodiste Unie. La communauté laïque, la jeunesse et les femmes ont unanimement promis de se mobiliser pour concrétiser la vision du nouveau pasteur, axée sur la paix, l'unité et le développement holistique.

Papa Amundala, le responsable des laïcs, a d’abord rendu un hommage appuyé à l'Évêque émérite Unda Yemba pour l’héritage laissé, avant de saluer l'arrivée de son successeur.

« Nous rendons grâce à Dieu, car l'Éternel nous a donné un berger qui connaît la bergerie. Mgr Kalema est un fils de la maison ; son élection n'est pas une surprise, mais une fierté pour tous les fidèles, » a-t-il déclaré, assurant que Mgr Kalema est le fruit de l'effort de son prédécesseur.

Le responsable laïc a insisté sur l'unité comme socle du développement, en martelant un mot d'ordre sans équivoque : « 'Zéro conflit !' Le peuple de Dieu refusera les accusations gratuites, les querelles inutiles, et toutes les divisions qui retardent l'élan du développement. On ne construit pas dans les disputes ».

Affirmant que le laïcat sera le « bras séculier » de la vision de l'Évêque Kalema, Papa Amundala a promis de répondre concrètement à l'appel à contribution, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'évangélisation. Il a enfin promis d'être un rempart contre le tribalisme et un « premier front de prière et de plaidoyer » pour la paix dans l'Est troublé de la RDC.

Pour le Docteur Hervé Tshoso, responsable de la Jeunesse Pour Christ (JPC), les jeunes sont prêts à jouer un rôle de premier plan. Se comparant aux figures bibliques d'Aaron et Hur soutenant Moïse, il a promis un engagement total.

« Excellence Mgr Kalema, la jeunesse méthodiste est prête à être la nouvelle fondation sur laquelle vous bâtirez l'avenir ! Nous serons plus que la 'brique' que l'on pose ; nous serons la main-d'œuvre pour achever l'œuvre, » a-t-il lancé.

Le Dr Tshoso a mis l'accent sur l'éducation comme levier d'émancipation, s'engageant à un changement de mentalité et à faire de la jeunesse le « visage de l'unité et le refus du tribalisme ». Face à l'insécurité, il a promis que les jeunes s'érigeront en « armistice spirituel », faisant de leurs prières et actions leur « seul combat : le combat pour la paix ! »

Maman Furaha Mwayuma Francisca, Présidente des Femmes Unies dans la Foi (United Methodist Women), a souligné le rôle essentiel des femmes dans le soutien pratique et social de l'Église.

« Les Femmes Unies dans la Foi s'engagent à fournir le mortier nécessaire pour que Mgr Kalema achève le bâtiment de l'Église. Nous serons toujours au pied de l'œuvre ! » a-t-elle affirmé, promettant de faire des centres de santé et des écoles des « havre de paix et de savoir ».

Mme Furaha a rappelé que la guerre n'est que la « mère des larmes et des deuils » pour les femmes, insistant pour que l'Église soit un refuge pour les innocents, les veuves et les orphelins. Elle a également exprimé sa profonde sensibilité au sort des familles pastorales, souscrivant à la vision de l'évêque d'améliorer les conditions de vie des pasteurs : « Nous ne voulons plus voir nos pasteurs dormir des fins de mois qui ne leur permettent pas de vivre comme il faut. »

Lors de la cérémonie d'installation de Mgr Antoine Kalema Tambwe, les évêques de la Conférence Centrale d’Afrique Centrale lui ont prodigué de sages conseils, définissant clairement la lourde responsabilité attachée à sa nouvelle fonction. Ces paroles ont insisté sur les dimensions spirituelle, administrative et sociale du ministère épiscopal.

L'Évêque Kassap Owan a rappelé que l'évêque est avant tout un surveillant chargé de la protection des fondements de l'Église : il est appelé à « protéger la foi, l’unité et à faire appliquer le livre de discipline de notre Église ». Cette mission s'étend au-delà des murs de l'institution, car l'évêque « porte la vie, l’œuvre et la mission de l’Église dans le monde ». L'Évêque Daniel Lunge a souligné l'identité profonde de l'évêque comme étant un « doulos, l’esclave du Seigneur Jésus-Christ, pour paître Son troupeau ». Sa mission essentielle est de « proclamer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, de prêcher l’Évangile, d’enseigner la parole de Dieu, mais aussi d’administrer les saints sacrements ».

Les évêques Méthodistes Unis de la Conférence Centrale d’Afrique Centrale ont insisté sur la nécessité pour Mgr Kalema de servir sans distinction ni frontières. L'Évêque Marie-Jeanne Mujinga Kashala a été particulièrement claire sur l'impératif d'inclusion : « L'évêque est appelé à diriger et protéger tous les gens sans discrimination de tribu ni de pays, que ce soient les pauvres ou les riches, les jeunes, les pères ou les mères. » De son côté, l'Évêque Nelson Ngoy Kalombo a élargi le champ de la communion, invitant le nouvel évêque à collaborer non seulement avec les « autres Églises qui confessent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ », mais aussi à « œuvrer dans la communion avec les dirigeants du pays, tout en gardant la mémoire de Dieu ». 

Londe est correspondant de UM News au Congo.

Contact pour les médias : Julie Dwyer à [email protected] . Pour en savoir plus sur l'actualité méthodiste unie, abonnez-vous gratuitement aux résumés de UM News.