Les Eglises du Cameroun touchées par le conflit militaire

Un conflit militaire de longue date dans le Sud-Ouest du Cameroun a perturbé ce qui aurait dû être une célébration pour la Mission Méthodiste Unie du Cameroun. Cependant, les Méthodistes Unis maintiennent allumée la flamme de la foi et de l’amour fraternel pour tous ceux qui sont dans les zones sinistrées. 

A cause de la crise, plusieurs églises du Sud-Ouest n'ont pas pu envoyer leurs représentants à l’assemblée annuelle à laquelle ont assisté des représentants de l’Agence de l’Eglise Méthodiste Unie chargée des ministères mondiaux et de la Conférence de Côte d'Ivoire du 18 au 23 juin pour évaluer la Mission Méthodiste Unie du Cameroun, qui sera bientôt un district de la Conférence de Côte d'Ivoire. 

« Le plus grand défi que nous rencontrons cette année est la crise anglophone qui rend difficile l’organisation des réunions dans le circuit du Sud-Ouest de Fako-Mémé, » a lu Lisette Che, coordinatrice de la jeunesse de la Mission Méthodiste Unie du Cameroun, dans son rapport à cette assemblée annuelle. 

Lisette Che présente son rapport à l’assemblée annuelle de la Mission Méthodiste Unie du Cameroun. Elle est la coordonnatrice de la jeunesse. Photo de Isaac Broune, UM News.

Des conflits entre le gouvernement camerounais francophone et les forces rebelles anglophones se poursuivent depuis trois ans. En conséquence, de nombreuses vies ont été perdues, des villages ont été incendiés et des milliers de personnes ont fui vers le Nigeria voisin et dans les villes contrôlées par le gouvernement.

Eben Mary, membre de l’Église Méthodiste Unie Jérusalem de Douala est une victime de la crise du Sud-Ouest du Cameroun. Le 23 Avril 2018, vers 1 heure du matin, des personnes vêtues d'uniformes militaires ont incendié des maisons situées dans le village d'Eben à Mamfe. Elle a fui et s'est réfugiée dans la forêt, où elle a passé huit mois.

Depuis six mois, l'Église Méthodiste Unie Jérusalem de Douala lui vient en aide. L'église l'a déjà aidée à accoucher en toute sécurité de ses jumelles il y a cinq mois. Aujourd'hui, l'église la parraine pour les cours de pâtisserie qu'elle suit et lui offre de l'argent pour vivre.

Les effets de la crise sont encore présents dans l’esprit des victimes. 

Le pasteur Emmanuel Kekia Nkongho, 62 ans, sergent-chef à la retraite de la gendarmerie, a pu assister à l’assemblée annuelle. Il se souvient, encore, d'avoir été attaqué par des combattants sécessionnistes Ambazoniens, connus sous le nom de « Amba boys, » en mai dernier alors qu'il était pasteur de trois églises Méthodistes Unies à Sumbe, Akiriba et Defang.

« Ils m'ont pris pour un traître. J'ai été battu, battu, battu et battu. J'ai subi des blessures à l'œil gauche et sur d'autres parties de mon corps. Mon fils, qui travaille à Douala, a dû envoyer de l'argent, » se souvient-il. 

Le pasteur Emmanuel Kekia Nkongho se souvient d'avoir été attaqué par des combattants rebelles alors qu'il dirigeait trois églises Méthodistes Unies à Sumbe, Akiriba et Defang au Cameroun. Photo de Isaac Broune, UM News.

À son retour, les « Amba boys » lui ont permis de rouvrir ses églises, mais lui ont dit de ne mentionner la situation politique dans aucun de ses sermons. Selon le pasteur, neuf des douze églises de la région sont fermées. Il a affirmé qu'il prie toujours pour un « Cameroun uni. »

Synthia Ashu, une étudiante de 30 ans de l'Université de Buea, a également assisté à l’assemblée annuelle. Ashu se souvient d'avoir fui la région en octobre 2018. En chemin, elle a remarqué à quel point certains quartiers affichaient une désolation. Elle a enjambé plusieurs cadavres. « Avant que tu ne réalises, tu as les larmes aux yeux.  Si tu ne verses pas une larme en voyant ces corps, c’est que tu n’es pas humain, » avoue la jeune dame.

Dans sa fuite, Ashu a accepté de partir avec ses voisins qui l’imploraient de les sortir de cette zone dangereuse. 

« Ils savaient que j'avais de la famille à Douala, qui est une ville sûre, » dit-elle. Elle a donc accueilli 15 personnes dans la maison familiale de 3 chambres.

Des membres de la chorale d'enfants de l'Eglise Méthodiste Unie Blessing de Yaoundé, Cameroun, souhaitent la bienvenue aux visiteurs de l’assemblée annuelle de la Mission Méthodiste Unie du Cameroun. De gauche à droite : Nahomie Diffo, Geneviève Nzie, Larissa Nzie et Falone Diffo. Photo de Isaac Broune, UM News.

Malgré le danger, l’Église était présente dans des endroits ou même le gouvernement ne pouvait aller pour apporter un soutien aux déplacés.

En compagnie de plusieurs femmes, Ashu s'est rendu dans la forêt de Mbanlangi, dans le district de Mbonge, près de Kumba, à la recherche des membres de l'église qui ne pouvaient plus assister aux réunions de prière et leur apporter des éléments de première nécessité. Ces femmes portaient des uniformes de l'Église Méthodiste Unie pour être facilement identifiables et pour pouvoir se déplacer librement dans la région.

Beatrice Diffang, présidente des femmes Méthodistes Unies de Douala, faisait partie de ce groupe de femmes qui ont visité les réfugiés. Elle a décrit ces visites effectuées « sous les feux croisés » comme étant risquées. Les réfugiés ont dit aux femmes qu'elles étaient les seules personnes à les avoir visités dans la forêt de Mbanlangi.

« Aucune église ne peut s'épanouir si 50% de ses membres sont isolés, » a reconnu Diffang. Elle a accueilli 12 personnes dans sa maison à Douala.

La Révérende Rosalie Nzie de l'Église Méthodiste Unie Blessing de Yaoundé pendant un culte. Photo de Isaac Broune, UM News.

Le vendredi 21 juin était un jour de deuil national décrété par le gouvernement du Cameroun. De ce fait, les participants à l’assemblée annuelle de la Mission Méthodiste Unie du Cameroun ont observé une minute de silence pendant le culte matinal animé par la Révérende Julienne Ngo Um de l'Église Méthodiste Unie Carmel de Yaoundé. Elle a demandé de prier pour les soldats qui sont morts pendant la crise – « nos fils et nos frères qui sont descendus dans la fosse pendant la crise nationale, » a-t-elle dit.

Les actions salutaires de l’église, pendant cette crise dont les séquelles sont encore visibles, devraient aller plus loin selon Um. Lors du culte matinal, elle a évoqué sa douleur de mère face à la mort des enfants du pays, avant de placer l’église face à sa responsabilité. 
« Nous avons le devoir face à l’histoire d’aider le Cameroun dans le dialogue intercommunautaire », a-t-elle déclaré.

Le Révérend Philippe Adjobi, au nom de l’Evêque Benjamin Boni, a assuré la Mission Méthodiste Unie du Cameroun de l'appui de la Conférence Annuelle de la Côte d'Ivoire dans cette initiative.

« Nous sommes solidaires avec vous et nous n’avons de cesse de prier pour vous parce que sans la paix, nous ne pouvons pas servir Dieu sereinement, » a-t-il dit au sujet de cette crise et de la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram dans le Nord du Cameroun.

Sarah Ambadiang chante pendant le culte à l’Eglise Méthodiste Unie Blessing de Yaoundé, où elle est prédicatrice laïque et secrétaire paroissiale. Elle est la présidente nationale de l'Association des Femmes Méthodistes Unies du Cameroun. Photo de Isaac Broune, UM News.

Broune est le directeur des rédactions francophones pour UM News depuis son bureau à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

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Conférence Annuelle
L'Évêque Samuel J. Quire Jr. (à droite), qui dirige la Conférence du Libéria de l'Église Méthodiste Unie, marche aux côtés de l'Évêque James Boye-Caulker de la Conférence de Sierra Leone lors de la 192e session de la Conférence Annuelle du Libéria, qui s'est tenue du 10 au 16 février à Gbarnga, au Libéria. Mgr Quire a déclaré que l'Eglise luttait pour le contrôle de plusieurs sanctuaires au Libéria qui ont été saisis par des membres de l'Eglise Méthodiste Mondiale à la suite de la session de la Conférence Annuelle. Photo par Priscilla Muzerengwa, United Methodist Communications.

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