Un groupe international de leaders Méthodistes Unis a écouté les détails relatifs aux trois modèles possibles du ministère de l’Eglise vis-à-vis des personnes LGBTQ.
Trois participants de la Commission sur La Voie à Suivre ont présenté l’actualité de leurs travaux à quatre organes de direction de l’Eglise qui ont organisé une réunion conjointe dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Ces quatre organes, mis ensemble, ont des membres qui représentent l’effectif et l’étendue théologique de la dénomination. Beaucoup sont venus des conférences centrales qui sont les découpages de l’Eglise en Afrique, en Europe et aux Philippines.
Cette actualité a marqué la première présentation publique de la commission à un groupe multinational qui regroupe un certain nombre de délégués à la Conférence Générale spéciale de 2019, la plus haute instance de décision de la dénomination.
Les quelques 75 dirigeants de l'église ont écouté la présentation des rapports fait par l'évêque à la retraite David Yemba, l'un des trois évêques modérateurs de la commission, ainsi que, l'évêque à la retraite Rosemarie Wenner, de l'Allemagne et Hortense Aka de la Côte d'Ivoire, tous membres de la commission
« Priez, priez et continuez de prier, » a exhorté Aka en français. « Cela est très important pour la commission. »
La Conférence Générale de 2016 a autorisé le Conseil des évêques à mettre en place cette commission après des décennies de débats intenses sur l'inclusion des personnes LGBTQ. La commission a pour tâche de conseiller les évêques sur les voies et moyens possibles pour sortir de l'impasse. Puis, les évêques utiliseront cet avis pour déterminer ce qu'ils devront soumettre à la Conférence Générale spéciale.
À l'heure actuelle, il existe trois futurs scénarios possibles de l'Eglise.
Wenner a présenté un aperçu de ces trois scenarios avec un peu plus de détails que ceux précédemment proposés. La commission a nommé les trois options.
Le modèle traditionaliste
Cette possibilité permettrait d'affirmer les interdictions actuelles de l'Eglise envers les personnes LGBTQ et de renforcer les responsabilités dans l'application de ces restrictions.
Le Livre de Discipline, la constitution de l'Eglise, soutient que la pratique de l'homosexualité « est incompatible avec l'enseignement chrétien » et déclare le fait d’officier une union homosexuelle ou d’être un membre du clergé homosexuel comme des infractions punissables par les lois de l'Église.
« La responsabilité est le point clé de ce modèle, », a déclaré Wenner. « Et ceux qui diront que ceci ne s’applique pas à nous, en tant que groupe de personnes, en tant que conférence, en tant qu'église locale ou qui que ce soit, seront invités à quitter la connexion. »
Le modèle centriste
Cette possibilité supprimerait le langage restrictif du Livre de Discipline et donnerait plus de liberté aux Méthodistes Unis d'établir des politiques autour de l'inclusion des LGBTQ, selon leurs propres contextes.
Les conférences individuelles pourraient choisir d'ordonner les pasteurs ouvertement homosexuels, et les congrégations locales pourraient décider d'autoriser ou non les mariages homosexuels, a affirmé Wenner.
Le modèle protégerait, également, spécifiquement les droits des Méthodistes Unis dont la conscience ne leur permettrait pas de célébrer des mariages homosexuels ou de consacrer des personnes LGBTQ.
« Nous pensons que personne ne doit prendre de décision, » a-t-elle expliqué. « Ils peuvent simplement continuer leur cheminement tels qu’ils sont maintenant. »
Le modèle multi-branches
Cette possibilité créerait plusieurs branches de la dénomination « opérant sous un même toit, » a déclaré Wenner.
Les branches partageraient la même Conférence Générale, qui serait chargée de superviser les services partagés tels que certaines fonctions des agences générales. Sous la même charte confessionnelle, il pourrait y avoir une branche qui désire maintenir le langage actuel du Livre de Discipline, une branche qui favoriserait une approche plus locale et une branche qui voudrait une inclusion complète des personnes LGBTQ dans tous les aspects du culte communautaire.
Wenner a ajouté que les conférences centrales, découpages de l’Eglise en Afrique, en Europe et aux Philippines, pourraient former une même branche sous ce modèle.
Les trois modèles proposeraient un moyen pour les églises de quitter la dénomination. Wenner a reconnu qu'aucune option ne plairait à tout le monde.
La Rév. Amy Lippoldt de la Conférence des Grandes Plaines a demandé aux présentateurs si les évêques avaient l'intention de réduire le nombre de plans ou de soumettre les trois modèles potentiels à la Conférence Générale.
« La Conférence Générale est dans une impasse, c'est pourquoi nous avons sollicité tout ce processus, » a-t-elle ajouté. « Je suis préoccupée par le fait que ces trois modèles continuent de nous maintenir dans cette impasse. »
Yemba, le modérateur de la commission, a soutenu qu'il était trop tôt pour deviner le choix du Conseil des évêques. Plus tôt, il a affirmé que les évêques ne prévoyaient pas publier un rapport sur leurs recommandations avant le mois de Mai.
« Je peux vous dire que la commission n'a pas présenté de préférence parmi ces modèles, » a déclaré Yemba, qui vit en République démocratique du Congo. « Ce n'est pas la commission qui décide. »
Certaines personnes d'Afrique et des Philippines ont partagé l'inquiétude de Lippoldt sur ce qui pourrait advenir si les trois modèles étaient présentés à la Conférence Générale. Quoi qu’il soit, les délégués auront l’occasion de les peaufiner.
La réunion a regroupé les membres du Comité Permanent chargé des questions des Conférences Centrales, de la Commission Etude du ministère, du Comité Foi et Constitution et de la Table connexionnelle.
Tandis que beaucoup ont souhaité que les évêques choisissent un modèle, ils ne savent pas lequel.
Betty Katiyo de la Conférence du Zimbabwe Ouest a dit qu'elle préfèrerait personnellement que l'Eglise vote simplement sur le fait qu'elle accepte ou non la pratique de l’homosexualité.
« Nous ne pouvons pas dire que nous sommes une Eglise mondiale et laisser une branche faire ce qu'elle veut, » a-t-elle déclaré. « Au final, les gens considèrent l'Église Méthodiste Unie comme une seule Eglise."
Napoléon Adamu, du Nigeria, a déclaré à UMNS qu'il craignait que la modification des politiques de l'Église affaiblisse la présence de la dénomination dans son pays d'origine, qui pénalise la pratique de l'homosexualité.
« Une autre dénomination a essayé de le faire, et elle a été critiquée par plusieurs personnes, » a-t-il dit.
Jorge Lockward, un membre ouvertement gay de la conférence de New York, a un point de vue différent.
« J'ai cette question en tête : laquelle de ces propositions nous aide - tous - dans le chemin à parcourir, » a-t-il déclaré. Il voit le deuxième ou le troisième modèle comme pouvant permettre aux membres de l'Eglise de demeurer ensemble même si leurs compréhensions devaient changer.
Le Rév. Jay Williams est le pasteur principal de l'Église Méthodiste Unie Glide Memorial, une grande église multiethnique comptant de nombreux membres ouvertement homosexuels. Il est également membre du Caucus Queer Clergy, un groupe de plaidoyer non officiel dans la dénomination. Il se lamente d’être « vu comme un problème. »
« Au lieu d'être célébrées comme créées à l'image de Dieu, les personnes LGBTQ sont identifiées comme une « question » qui menace l’unité de l'Église Méthodiste Unie, » a-t-il dit.
« Mais l'Esprit est vivant. Et la Parole de Dieu - Jésus Christ - nous rend tous libres afin de vivre de manière abondante et authentique. Je rêve d'une Eglise qui favorise véritablement la libération, l'amour inconditionnel et la justice pour tous. »
Katiyo a expliqué qu'elle regrettait que ce débat ait absorbé une grande partie de l'énergie de la dénomination et menacé de porter atteinte à sa présence internationale et son ministère.
« Quel que soit l’option, vous perdrez quelqu'un, » a-t-elle dit. « La question est de savoir : êtes-vous prêt à vivre avec la décision que vous prendrez ? »
Cependant, le Rév. Michael Nausner, un Méthodiste Uni originaire d'Allemagne qui travaille actuellement en Suède, espère en la composition de la commission Sur la Voie à Suivre, qui compte 32 membres. Comme la dénomination dont ils sont membres, les Méthodistes Unis de la commission représentent diverses nationalités et y apportent des points de vue variés. Trois membres de la commission sont ouvertement homosexuels.
« J'ai seulement entendu un puissant témoignage d'alliance et d'espoir de la part de la commission, » a-t-il soutenu. « Peut-être qu'ils peuvent constituer un modèle. »
Hahn est journaliste multimédia pour United Methodist News Services. Contact Média : [email protected]. Inscrivez-vous pour recevoir notre bulletin mensuel gratuit des événements dans la vie de l'Église Méthodiste Unie dans votre boîte de réception.