Raphaël Aboua supervise 11 églises Méthodistes Unies en Côte d'Ivoire, est le président de l’organisation des catéchistes Méthodistes Unis et partage également l'évangile via la radio Méthodiste Unie dans sa langue maternelle, l’Abouré.
Avec son salaire de 140,15 $ par mois, il essaie de subvenir aux besoins de ses parents âgés et d’envoyer sa fille à l'école au Ghana.
Aboua, 51 ans, décrit ses finances, ainsi que le manque d'équipement (il n'a pas d'ordinateur) et de formation suffisante pour lui-même et ses collègues, comme étant une préoccupation majeure.
« Malgré tout cela, je sais que Dieu est avec moi, » a déclaré Aboua, qui, comme les autres catéchistes Méthodistes Unis dans son pays, n'utilise pas le titre de révérend. « En ce qui concerne les difficultés, nous sommes des êtres humains. Jusqu'à ce que nous ayons fini de marcher, nous continuons de balancer les bras. »
Tout comme les pasteurs laïques certifiés sont vitaux pour l'Église Méthodiste Unie aux États-Unis, les pasteurs laïques jouent un rôle clé dans les Conférences Centrales, y compris les régions comme l'Afrique et les Philippines où la dénomination s’accroît.
Les défis auxquels ils sont confrontés sont nombreux. Cependant, le fait qu’ils continuent de « balancer les bras » est apprécié par ceux qui apprécient leur travail, y compris l'Évêque Rodolfo Alfonso Juan.
« Il y a un pourcentage élevé de pasteurs laïques qui réussissent bien, » a dit Juan concernant ceux qu’il supervise dans la Région Épiscopale de Manille aux Philippines. « Je suis très heureux parce que la plupart d'entre eux sont jeunes. »
ALBUM
« Je sais que Dieu est avec moi, » dit le Catéchiste Raphaël Aboua, qui sert l’église Méthodiste Unie Ebenezer de Beago (Abidjan) ainsi que 10 autres églises Méthodistes Unies
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Un rôle majeur
Les anciens ordonnés (pasteurs consacrés) - qui ont une formation théologique formelle, ont tendance à diriger des églises plus grandes et ont le droit de devenir des surintendants de district et évêques – se retrouvent partout dans les conférences centrales. Cependant les pasteurs laïques ou catéchistes (ce terme est notamment utilisé en Côte d'Ivoire et dans d'autres parties de l'Afrique) sont également présents et se comptent en milliers.
Obtenir des statistiques exactes a échappé au Conseil Général des Finances et de l'Administration de la dénomination. Cette agence recueille des données sur les pasteurs, mais à cause des rapports irréguliers et de la confusion sur la terminologie et les formulaires de rapport, elle ne considère pas ses résultats comme particulièrement fiables.
Les statistiques recueillies directement à partir des sources sur le terrain confirment que les pasteurs laïques jouent un rôle important.
L’Évêque Ciriaco Q. Francisco de la Région Épiscopale de Davao aux Philippines a affirmé, par email, qu’il supervisait 141 anciens et 89 pasteurs laïques.
« Les églises aux Philippines ont recours aux services des pasteurs laïques parce qu’il n’y a pas suffisamment d’anciens (pasteurs consacrés) pour couvrir toutes les églises, » a-t-il soutenu.
Au Malawi, il y a 22 pasteurs laïques Méthodistes Unis et seulement quatre pasteurs ordonnés, a déclaré Klaus Schmiegel, un enseignant missionnaire de l’Eglise au Malawi.
La situation est inverse dans la Région Épiscopale Allemande, qui compte 240 anciens et seulement 27 pasteurs laïques.
Ces derniers y sont toutefois valorisés, a soutenu l'Évêque Rosemarie Wenner.
« Il n'y a pas de congrégation spécifique où nous les affectons pour servir, » a-t-elle dit. « Nous étudions soigneusement les dons et les grâces, ainsi que les besoins des congrégations, et nous cherchons à établir des réseaux pour le soutien mutuel entre les pasteurs dans un domaine donné. »
Le défi de l'éducation
La formation des pasteurs dans les Conférences Centrales, en particulier en Afrique, est un besoin majeur reconnu par la Conférence Générale de 2012, qui a approuvé la création d'un Fonds d'Éducation Théologique de la Conférence Centrale avec un budget de 5 millions de dollars sur quatre ans.
Cette somme a permis de financer plusieurs programmes, y compris la fourniture de liseuses électroniques avec du contenu théologique aux étudiants des séminaires et aux pasteurs dans les régions où les documents imprimés sont rares.
Selon certains leaders, la formation des pasteurs laïques varie considérablement en Afrique, en fonction de l’âge d’existence de l'Église Méthodiste Unie et la proximité des séminaires et des collèges bibliques.
En Tanzanie, une région relativement nouvelle pour la dénomination, les pasteurs laïques sont, dans la majorité, ceux qui, en tant que membres d'une congrégation spécifique, ont montré le désir et la capacité d'être leaders de l'église. Ils sont supervisés au niveau du district et de la conférence.
Leur formation est, habituellement, du ressort des surintendants de district.
« La qualité de celle-ci varie en fonction du surintendant, » a déclaré Eric Soard, un missionnaire de l’Agence chargée des ministères globaux.
Soard a ajouté, qu’en Tanzanie, les défis liés à l’éducation, en général, sont nombreux. Pour les pasteurs laïques en particulier, il y a aussi le fait que beaucoup viennent d'une autre confession et n’ont aucune connaissance de la théologie Wesleyenne.
Il n’est pas facile de trouver des documents écrits dans leur langue pour apprendre cette théologie.
« Nous travaillons actuellement à créer un canevas d'étude en Swahili, » a dit Soard.
La dénomination a fait des progrès dans la traduction du canevas d’étude du programme de formation des pasteurs laïques s aux États-Unis dans d'autres langues. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, a déclaré la Révérende Rena Yocom, qui a pris sa retraite l'année dernière en qualité de de directrice exécutive pour la formation des pasteurs et l’éducation théologique au conseil de l’Enseignement Supérieur et de Ministère de la dénomination.
« Cela est d'une importance vitale. Les gens doivent l’avoir dans leur propre langue, » a-t-elle dit.
Les conditions sur le terrain
Dans la Région Épiscopale de Davao aux Philippines, la plupart des pasteurs laïques peuvent se concentrer sur l’œuvre de l'église et peuvent prétendre à devenir pasteurs consacrés.
« Certains, en raison de l'âge et du niveau d’études, ne peuvent pas être qualifiés pour cette promotion. Cependant, l’objectif de chaque pasteur laïque est d’être consacré ancien, » a déclaré l'Évêque Ciriaco Q. Francisco, qui supervise cette région.
Toutefois en Tanzanie, les pasteurs laïques passent habituellement leur temps libre à travailler la terre. Presque tous sont des agriculteurs, a soutenu Soard.
La rémunération des pasteurs varie dans les conférences centrales, comme c'est le cas aux États-Unis. Cependant, les pasteurs laïques ne peuvent compter sur un salaire en Tanzanie.
« Les églises les soutiennent selon leur possibilité. Mais, rien n’est garanti, » dit Soard. « Je dirai que la majorité d’entre eux travaille bénévolement. »
Le Révérend Wes Magruder a été missionnaire de l’agence de l’Eglise chargée des ministères globaux au Cameroun de 2004 à 2008 et a déclaré qu’il y a de l'argent disponible pour payer les pasteurs laïques qui dirigent une ou plusieurs églises. C’était suffisant pour attirer des pasteurs d'autres dénominations vers l'Église Méthodiste Unie, a-t-il dit, mais pas assez pour assurer une véritable sécurité économique.
« Ils devaient soit cultiver soit avoir leurs propres petites entreprises, » a soutenu Magruder, pasteur de Kessler Park United Methodist Church à Dallas. « Ils nous suppliaient sans cesse d'augmenter l'allocation. »
Le Révérend Sidney Cooper, un ancien de la Conférence de Sierra Leone qui enseigne actuellement en Zambie, a expliqué que les pasteurs laïques « rendent l'église visible dans la communauté » et parfois dépassent les anciens en termes d’engagement.
Il a toutefois noté que sa propre conférence essayait d’honorer ses obligations financières envers les pasteurs laïques, même si certains vivent dans une pauvreté extrême.
« Si on leur donne quelque chose pour s'occuper de leurs besoins fondamentaux, le ministère prospérera, » a déclaré Cooper.
Un appel pastoral
Dans une longue interview sur sa vie en tant que catéchiste en Côte d'Ivoire, Aboua s’est exprimé avec franchise mais seulement brièvement sur les difficultés. Principalement, il a parlé de son cheminement spirituel et de son appel au ministère.
Il s’est convertit très jeune, a gravi les échelons du leadership de l'église locale et a finalement abandonné le travail sédentaire (et un bon salaire selon les normes de la Côte d'Ivoire) pour se concentrer sur le ministère de catéchiste.
Durant son parcours, il a vécu plusieurs qu’il classe au nombre de miracles, comme lorsqu’il a survécu « en dormant au volant » une nuit, ou lorsqu’une inondation a endommagé dans sa maison tout en épargnant tous les documents liés à sa vie religieuse.
Sentant que Dieu l'a appelé au ministère à travers ces actes et bien d'autres, Aboua apprécie travailler six voire jours par semaine. Il s’occupe notamment des études bibliques, des cours de catéchisme, de la formation des leaders, des visites, des prières à domiciles, de l’assistance au conseil de l'église et aux réunions du surintendant du district, et bien sûr du culte du dimanche.
C'est une vie rigoureuse, souvent difficile mais qui offre une satisfaction profonde.
« Je ressens la joie de servir le Seigneur, de faire l’œuvre de Dieu et de voir les vies transformées, » a dit Aboua.
Broune, ancien communicateur de l’Eglise Méthodiste Unie en Côte d'Ivoire, est maintenant étudiant à Vanderbilt Divinity School et travaille pour United Methodist Communications.
Hodges, un écrivain de United Methodist News Service, vit à Dallas. Contact Média : [email protected].