La technologie peut également participer à la mission de l’Eglise dans le Monde. C’est ce qui ressort des expériences du récent sommet international sur les technologies de l'information et de la communication au service du développement (ICT4D) dénommé « Game Changers».
Ce sommet, organisé par l’United Methodist Communications, l’Agence mondiale de Communication de l’Eglise Méthodiste Unie, a réuni du 17 au 19 septembre 2015 à Nashville-Tennessee, USA, des leaders internationaux dans l'utilisation de ces technologies ainsi que des communicateurs chrétiens de pays en développement qui ont expérimenté ces outils de la communication pour le bien social.
D’entrée de jeu, Dan Krause, directeur exécutif de l’UMCom, a fait savoir aux participants du sommet que plus de 5,8 milliard de personnes dans le monde ne disposaient pas d’accès à l'Internet, avant de les inviter à utiliser la technologie pour transformer les vies des populations.
Au cours des échanges d’expérience, Ken Banks, fondateur de kiwanja.net et développeur de Frontline SMS, un système de messages courts (sms) gratuits, a mis en exergue la notion d’empathie afin de ne pas créer un climat de dépendance. « Devons-nous les aider, ou avons-nous besoin de faire des choses pour les aider à se prendre en charge ? » Il a soutenu que nous devons travailler à créer un environnement où les gens peuvent s’entraider tout en restant indépendants. Son logiciel a, par exemple, permis aux Nigérians de suivre librement l'élection présidentielle de 2007, en recevant les résultats en temps réel sur leurs mobiles.
Quant à Revi Sterling, de NetHope, elle a mis l’accent sur l’inégalité d’accès aux technologies par les femmes. « Les femmes paient le plus lourd tribut face à la pauvreté et si vous ne disposez pas d'accès à l'information, vous restez moins autonomes » a-t-elle démontré. Elle a cité des exemples de femmes tuées pour avoir possédé un téléphone, de villages interdisant aux femmes d'utiliser des téléphones ou de maris qui échangeaient les smartphones de leurs femmes avec leurs vieux mobiles. Selon Sterling, si ces technologies se focalisent davantage sur les femmes, il y a de fortes chances que le succès s’étende à tous.
Pour Firdaus Kharas, scénariste humanitaire, dont le dessin animé sur l’Ebola, a permis de freiner l’avancée de la maladie, « nous n’avons pas encore saisi toutes les potentialités de ces technologies pour améliorer la condition humaine. » Kharas a également présenté, en première mondiale « Eloge de la prévention», sa deuxième vidéo réalisée en partenariat avec United Methodist Communications, afin d’éduquer à la prévention de la propagation du virus Ebola. Cette une vidéo qui peut être « diffusée sur le plus simple des téléphones portables. »
Selon les témoignages de Phileas Jusu, Directeur de la communication de l’Eglise Méthodiste Unie de la Sierra Leone et Julu Swen, journaliste Libérien, les technologies de l'information et de la communication au service du développement ont aussi permis de sauver des vies lorsque la crise liée au virus Ebola a frappé la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria. L’Eglise Méthodiste Unie a été au-devant de la campagne de communication liée au changement de comportement en communiquant un message d’espérance. Ainsi, la population savait que le virus Ebola était réel et qu'il fallait adapter les comportements ne se touchant pas et en baissant la tête en signe de salutations. « Les populations recevaient quotidiennement des messages de l'agence américaine Centers for Disease Control and Prevention et de l’Organisation mondiale de la santé sur des téléphones mobiles simples. » a reconnu la Révérende Nancy Neelley Hicks qui a piloté ce projet depuis les Etats-Unis d’Amérique.
« Aujourd’hui encore, ces messages arrivent encore sur les téléphones cellulaires de notre personnel qui admet que ces messages ont constitué, pour eux, une bouée de sauvetage » a reconnu David Robinson de World Vision.
Au terme de ces trois jours de panels et d’ateliers des leaders internationaux dans l'utilisation de ces technologies, David Valera a invité les Méthodistes Unis à adopter ces innovations afin de répondre à leur mission de prendre soin de ceux qui sont dans le besoin.
« John Wesley a créé un mouvement, une innovation révolutionnaire, destinée aux marginalisés » a-t-il dit. « Il ne s’agit pas d’être riche. La vision de Game Changers est de donner aux populations défavorisées l'accès à l’information, l'éducation, la technologie pour qu’elles vivent dans l’amour et l’espérance »
Isaac Broune est un journaliste ivoirien étudiant à l’Université Vanderbilt et reporter pour l’United Methodist News Service. Contact: [email protected].