Points clés:
- Face à l’impossibilité de se déplacer, les responsables de santé utilisent la visioconférence pour superviser les structures sanitaires, assurer le suivi des soins maternels et accompagner à distance les femmes enceintes.
- La guerre a entraîné une augmentation des fausses couches, des avortements non désirés, des violences sexuelles et de la malnutrition infantile, aggravant la vulnérabilité des femmes et des enfants.
- Les relais communautaires jouent un rôle crucial en alertant les centres de santé, en localisant les femmes enceintes et les personnes vulnérables, et en facilitant les interventions d’urgence malgré l’insécurité.
- Malgré les attaques et les difficultés, les responsables de santé, soutenus par l’Église, continuent de sauver des vies et appellent à renforcer la communication, la vigilance et l’espoir pour la paix dans la région.
Alors que l’Est de la République démocratique du Congo est en guerre, les responsables du département de la santé, de la Région Épiscopale du Congo Est, ont opté pour la supervision à distance des structures sanitaires.
Confrontés à des défis sécuritaires, le département de la santé a choisi d’utiliser les plateformes de vidéoconférences afin de continuer les activités de supervision des structures sanitaires dans les zones occupées.
Fin Janvier et mi-février dernier, les villes de Goma et Bukavu sont tombées sous le contrôle des rebelles du M23 appuyés l’armée Rwandaise. Des affrontements en pleine ville ont occasionné la mort de plus de 4000 personnes parmi lesquelles huit Méthodistes Unis. Sous occupations des rebelles, des églises, structures médicales et des fidèles Méthodistes Unis ont été victimes d’attaques et des pillages. Le dernier cas en date concerne les structures médicales Majengo de Goma et Irambo de Bukavu dont le personnel ont été attaqués, une infirmière violée, un autre tabassé et le stock des médicaments vandalisés et pillés.
Le 27 juin 2025 à Washington, la RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix historique sous médiation américaine, prévoyant le retrait inconditionnel des troupes rwandaises de l’Est congolais, la neutralisation des groupes armés comme les FDLR, et la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité pour mettre fin à plus de trente ans de conflit dans la région.
Les villes de Goma et Bukavu dans les provinces du Nord et Sud-Kivu se trouvent dans la Conférence Annuelle du Kivu. L’Église Méthodiste Unie est active dans la région sur le plan. La région abrite plusieurs structures sanitaires.
Docteur Marie-Claire Manafundu, Coordinatrice de la Santé Mère Enfant au sein du département de la santé dans la Région de l’Est du Congo a déclaré que son programme de l’année prévoyait des descentes de supervision dans les structures sanitaires de la Conférence Annuelle du Kivu. La résurgence de la guerre dans la région ne lui a pas d’effectuer son travail.
‘’À la suite de la guerre nous avons changé des stratégies de supervision’’ déclare Docteur Manafundu. ‘’Aujourd’hui, nous privilégions l’approche de communication en ligne en utilisant les plateformes de vidéoconférence afin de maintenir le contact avec nos structures sanitaires.’’
Docteur Marie-Claire Manafundu, Coordinatrice de la Santé Mère Enfant au sein du département de la santé dans la Région de l’Est du Congo, a déclaré que son programme de l’année prévoyait des descentes de supervision dans les structures sanitaires de la Conférence Annuelle du Kivu, notamment à Bukavu, Goma, Uvira et Beni. Mais la résurgence de la guerre l’a contrainte à changer de stratégie : « À la suite de la guerre, nous avons changé nos stratégies de supervision. Aujourd’hui, nous privilégions l’approche de communication en ligne en utilisant les plateformes de vidéoconférence afin de maintenir le contact avec nos structures sanitaires. »
Manafundu a déclaré que même au niveau de la base, le département de la santé a étendu cette approche au niveau des relais communautaires. ‘’Toujours en ligne, les relais communautaires remontent les données de terrain chaque fois qu’il y a des cas qui nécessitent des interventions’’
Lorsqu’il y a des séances de consultations prénatales ou postnatales, des visioconférences sont organisées pour permettre au Dr Marie-Claire d’entrer en contact direct avec les femmes enceintes et leur donner des orientations précises.
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La guerre a des conséquences dramatiques sur la santé maternelle et infantile. Maman Kalemba Albertine témoigne : « Suite à la guerre, j’ai fait une fausse couche car j’étais traumatisée par l’insécurité qui règne dans la région. Chaque nuit, je ne ferme pas l’œil, ce qui m’a amenée à ce traumatisme. » Dr Jimmy Kasongo précise que plus ou moins 20 femmes ont fait des avortements non désirés à l’aire de santé Irambo depuis l’entrée du M23 à Bukavu, une situation que déplore vivement Dr Marie-Claire : « Je regrette énormément ces cas d’avortements non désirés observés dans les zones en conflit. J’ai demandé à chaque relais communautaire de faire des descentes sur terrain dans son avenue d’habitation, de récolter les données et de communiquer le plus rapidement possible à la structure la plus proche pour une prise en charge. » Ces avortements non sécurisés sont connus pour entraîner de graves complications et une mortalité maternelle élevée en RDC.
Tresor Tambwe, président des relais communautaires de l’aire de santé Irambo, souligne : « Depuis l’entrée des soldats du M23 à Bukavu, les relais communautaires ont déjà sauvé la vie de plus de dix femmes enceintes grâce au système d’alerte communautaire, surtout pendant la nuit où les gens ne circulent plus à cause de l’insécurité. » Il rapporte avoir alerté le centre de santé Irambo la semaine passée pour trois femmes enceintes : une a pu être évacuée par ambulance privée et a accouché par césarienne, tandis que les deux autres, faute d’intervention rapide, ont accouché à domicile et leurs nouveau-nés sont décédés deux jours plus tard, faute de premiers soins.
Face à ces défis, Dr Jimmy Kasongo plaide pour la dotation d’une ambulance afin de sauver la vie des femmes enceintes lors des urgences.
Au Centre de Santé Majengo, les séances de prise en charge des enfants malnutris se font en présentiel avec les médecins et infirmiers sur place, et en visioconférence avec le superviseur du programme maternel et infantile, Dr Marie-Claire, comme le confirme l’infirmier titulaire du centre, M. Leonard Telonga Shako : « Dr Marie-Claire ne nous a jamais abandonnés, même pendant cette période difficile. Elle fait tout pour encourager les enfants malnutris et les femmes enceintes qui viennent au centre de santé Majengo. »
Maman Chantal Kakule, vivant dans l’aire de santé Majengo à Goma et enceinte, remercie l’Église : « Durant cette période de guerre, chaque jour je recevais un message pour mon rendez-vous. Aujourd’hui, je viens de mettre au monde sans problème un petit garçon car je suivais de près mes rendez-vous et à chaque séance, je recevais les orientations de Dr Marie-Claire qui nous appelait en visioconférence. »
Les femmes vivant avec le VIH, prises en charge par l’Église, se sont dispersées pendant la guerre, mais aujourd’hui, l’Église fait tout pour les regrouper. L’infirmier titulaire Franck Onamemba du centre de santé Irambo explique : « J’ai travaillé avec les relais communautaires pour localiser ces femmes dans les endroits où elles ont trouvé refuge afin que nous puissions continuer leur prise en charge. »
Les violences sexuelles se sont accrues dans la région : « Nous venons de remarquer, avec les violences sexuelles faites aux femmes suite à l’insécurité, un accroissement de ces cas », conclut Franck Onamemba. Selon les Nations Unies, l’est de la RDC connaît une explosion des violences sexuelles, avec près de 900 viols signalés en seulement deux semaines début 2025, et un impact psychologique et social dévastateur pour les survivantes.
Le taux de malnutrition infantile continue également d’augmenter, car les voies d’accès pour l’approvisionnement en nourriture deviennent impraticables autour des villes, et la plupart des parents sont sans emploi, confirme Tresor Tambwe : « Quand nous faisons des descentes sur terrain, nous rapportons de nombreux nouveaux cas de malnutrition, dus au manque d’accès à la nourriture et à la précarité économique. »
Dr Damas Lushima, Coordonnateur Santé au Congo Est, encourage les responsables à privilégier la communication : « Malgré la situation de guerre et les attaques contre nos hôpitaux, nous devons continuer à sauver des vies. Je sais que nous sommes confrontés à des difficultés de mobilité, mais privilégions la communication dans nos interventions. »
Le Bishop Gabriel Unda Yemba de l’Est du Congo félicite l’équipe médicale : « Malgré les attaques répétées, vous continuez à sauver des vies. J’invite chacun à la vigilance et à suivre les orientations des autorités sanitaires pour la prise en charge de tous les cas durant cette période exceptionnelle. Je continue à lancer un message d’espoir pour la paix, car malgré la nuit, le soleil finira par apparaître. »
Kituka Lolonga est communicateur de la Conférence annuelle du Kivu.
Contact presse : Julie Dwyer au (615) 742-5470 ou [email protected]. Pour lire d'autres nouvelles Méthodistes Unies, abonnez-vous gratuitement aux résumés de UM News.